Vers une santé mentale équilibrée : Approches intégratives et pratiques concrètes

La santé mentale est une composante essentielle de la santé. L’OMS la traduit par un « état de bien-être qui permet à une personne de se réaliser, de surmonter avec aisance les situations plus difficiles de la vie et de contribuer positivement à la vie de sa communauté ». Ainsi une bonne santé mentale est bien plus qu’une absence de déséquilibre. Tout comme les maladies physiques, les troubles mentaux (stress, dépression, anxiété, brouillard mental chronique, insomnie, trauma, déclin cognitif, etc.) peuvent affecter n’importe qui, sans distinction d’âge, de sexe, de statut social, de niveau d’instruction, de nationalité ou d’origine ethnique.

Près de 20 % de la population du Québec, soit une personne sur cinq, sera affectée par un trouble mental au cours de sa vie. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, moins de la moitié des personnes qui sont affectées par un trouble mental consultent un professionnel (1).

Une approche multidisciplinaire est fortement suggérée dans la prise en charge de ces déséquilibres.  L’objectif est d’offrir une approche personnalisée à la vision globale dans le but de mieux comprendre les causes et les facteurs étiologiques qui auraient pu conduire à ces troubles mentaux. Ainsi, cette approche permet de définir les liens entre le métabolisme et les facteurs connus pouvant jouer un rôle dans la santé mentale, notamment la génétique, l’inflammation, les hormones, les neurotransmetteurs, le sommeil, le stress et les traumatismes. Par conséquent, l’équipe de professionnels et praticiens en approches complémentaires peuvent œuvrer conjointement avec l’individu vers la modification de ses habitudes de vie afin de l’aider à retrouver l’homéostasie physiologique et l’équilibre mental désirés. 

Alimentation 

Le microbiome gastro-intestinal humain est en soi un écosystème complexe dominé par des bactéries anaérobies. Ces microbes influencent entre autres la fonction physiologique, le métabolisme, l’inflammation, l’immunité et peuvent également jouer un rôle dans les troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété. Le domaine émergent de la psychiatrie nutritionnelle propose un lien causal entre la qualité de l’alimentation et la santé mentale, envisageant l’utilisation d’interventions alimentaires et nutraceutiques pour adresser les troubles mentaux (2)

Par exemple, les résultats d’études indiquent que la consommation régulière d’aliments ultras transformés de type diète nord-américaine augmente le risque de développer des symptômes associés à la dépression et à l’anxiété (3). En revanche, ces études mentionnent que le risque est plus faible si l’on suit, par exemple, un régime anti-inflammatoire de type méditerranéen (3) (4). Plusieurs études récentes établissent un lien entre une bonne santé digestive, un microbiote intestinal en équilibre et la santé mentale (5) . En effet, nous remarquons un lien étroit entre le cerveau et l’intestin, un concept nommé axe intestin-cerveau. L’axe intestin-cerveau est la communication bidirectionnelle entre l’intestin et le cerveau, qui s’effectue par de multiples voies comprenant des médiateurs hormonaux, neuronaux et immunitaires (6). Des études menées par le Dr John Cryan, neuropharmacologue et expert en microbiome, démontrent que les bactéries intestinales peuvent modifier la chimie du cerveau. Il a constaté qu’après avoir éliminé leurs bactéries opportunistes, les souris ont des comportements similaires à l’anxiété, la dépression et l’autisme chez l’homme (7). Dans l’une de ses recherches, deux souches de bactéries profitables étaient plus efficaces qu’un antidépresseur pour adresser l’anxiété et la dépression (8). D’autres études cliniques ont observé un lien entre la supplémentation en probiotiques contenant des espèces et des souches spécifiques de bactéries, et la régulation de la réponse de l’organisme au stress ainsi que l’atténuation des symptômes dépressifs et anxieux chez l’homme (9). De plus, une étude de 2015 a révélé que les aliments fermentés contenant des probiotiques peuvent avoir un effet protecteur contre l’anxiété sociale chez les personnes présentant un risque génétique élevé (10).

Il est donc intéressant d’observer qu’une alimentation équilibrée composée de végétaux, de bons gras, de saines protéines et de céréales complètes peut contribuer à accroître l’équilibre mental et à mieux gérer le stress de la vie quotidienne, l’anxiété et le chagrin (11)

Activité physique 

De nombreuses données indiquent que l’exercice physique est une approche efficace pour la dépression, souvent aussi puissant que les antidépresseurs. Il a également été démontré que l’exercice physique peut prévenir la dépression chez les personnes en bonne santé ne présentant pas de symptômes préexistants (12). Il est intéressant de noter que si l’exercice physique produit initialement les mêmes cytokines inflammatoires que celles associées à la dépression, il est rapidement suivi par l’induction de substances anti-inflammatoires (13). C’est ce que l’on appelle un effet hormétique, où un facteur de stress initial provoque une réponse compensatoire dans l’organisme qui a des conséquences positives à long terme. 

Certaines données suggèrent que l’exercice physique est plus facile lorsqu’il est pratiqué dans un environnement naturel. Lorsqu’ils sont autorisés à choisir eux-mêmes leur vitesse de marche, les participants ont tendance à marcher plus vite à l’extérieur qu’à l’intérieur. Paradoxalement, ils font état d’une perception de l’effort plus faible (14). Des effets positifs de l’exercice dans des espaces verts (parc, forêts) sur le bien-être physique et psychologique ont été constatés (15). En effet, l’activité physique en nature semble moduler les hormones de stress en réduisant les niveaux de cortisol (16). Tous les types d’activités physiques en nature améliorent également l’estime de soi et abaissent l’humeur négative, la tension, la colère et la dépression (17). Il est intéressant de noter que les cinq premières minutes d’exercice à l’extérieur semblent avoir l’impact le plus important sur l’humeur et l’estime de soi, ce qui suggère un bénéfice immédiat pour la santé psychologique. 

Accompagnement de coaching-mentorat de santé fonctionnelle

Les patients atteints de déséquilibres mentaux peuvent rencontrer plusieurs obstacles dans l’engagement des recommandations émises par leurs professionnels. Dans une enquête réalisée en 2020, les patients ont indiqué que le simple fait qu’on leur demande de modifier considérablement leur mode de vie leur causait un stress supplémentaire alors qu’ils étaient déjà accablés par les efforts qu’ils réalisaient (18). 

Pour mettre en oeuvre et maintenir des changements d’habitudes de vie plus aisément, les patients atteints de troubles mentaux et d’autres maladies chroniques peuvent avoir besoin du support d’un professionnel faisant preuve d’empathie et d’écoute afin de les aider à créer une vision d’une santé optimale et d’un avenir plus sain, en particulier lorsque la dépression empêche l’optimisme (18). L’accompagnement d’un coach-mentor de santé fonctionnelle permet de cibler des objectifs d’un mode de vie adapté aux préférences et aux progrès de chacun, tout en renforçant la confiance par de petites étapes et de petits succès (19). Le plus souvent, les changements de comportement se produisent progressivement au fil du temps. Les patients qui sont attentifs à leur prise de décision lorsqu’il s’agit de modifier leurs habitudes de vie deviennent plus conscients des avantages à changer un comportement malsain et trouvent souvent plus facile d’adhérer à la modification de comportements recommandés par les cliniciens (20).

Le sommeil est un processus complexe qui se déroule en plusieurs phases distinctes. Ces phases sont essentielles pour une nuit de sommeil de qualité et pour maintenir une bonne santé physique et mentale. En réalité, une mauvaise qualité de sommeil est associée à un taux plus élevé de symptômes dépressifs chez les sujets en bonne santé, et les troubles du sommeil sont fréquents dans les perturbations de l’humeur tels que la dépression majeure (21). Des habitudes de sommeil dysfonctionnelles peuvent également affecter le développement de maladies chroniques, et vice-versa, car la relation entre le sommeil, la santé mentale et la santé physique sont souvent multidirectionnels (22). Les anomalies du sommeil entraînent également des modifications des cytokines pro-inflammatoires telles que les interleukines (23) et la protéine C-réactive (24). L’inflammation est souvent un facteur de développement de certaines maladies mentales comme la dépression (25) (26). Il est donc primordial d’adresser les habitudes du sommeil afin de permettre une santé mentale saine et équilibrée. Au Centre Axis, les coachs-mentors sont les experts en termes d’hygiène du sommeil. Ces professionnels accompagnent les clients à améliorer leur sommeil afin d’optimiser leur santé globale.

Gestion du stress et pleine conscience

Dans un contexte clinique, les méditations liées à la pleine conscience et à la compassion seraient conceptualisées comme des exercices neuronaux, élargissant la capacité du complexe vagal ventral à réguler l’état présent et à promouvoir la résilience (27). Le nerf vague est un élément clé du système nerveux parasympathique « repos et digestion » et relie le cerveau à de nombreux organes importants du corps. Ce nerf influence la respiration, la fonction digestive et le rythme cardiaque, autant d’éléments pouvant avoir un impact considérable sur la santé mentale.

L’augmentation du tonus vagal active le système nerveux parasympathique, un tonus vagal plus important signifie donc que le corps peut se détendre plus rapidement après un événement stressant. Il a été démontré que la stimulation du nerf vague et l’augmentation du tonus vagal aident à traiter une grande variété d’affections cérébrales et mentales, notamment la dépression (28). La recherche montre que la méditation augmente le tonus vagal, les émotions positives et favorise les sentiments de bienveillance envers soi-même (29). Il a également été démontré que le chant « OM », souvent pratiqué pendant la méditation, stimule le nerf vague (30). De plus, les formes courantes de pratiques contemplatives comprennent la pleine conscience, la compassion et l’autocompassion, ainsi que le Tai Chi/Qigong ou le yoga, ont été démontrés comme contribution positive contre les déséquilibres mentaux (31) (32).